Samedi 29 août 2009 à 20:02

Comme un sourd sans ses mains, à l'instar du soldat dépourvu d'arme. Un ciel sec sans étoile, rire sans joie.
L'un porte fièrement sa plume, l'autre ricane d'un rire rauque.
Je n'ai aucun mérite si ce n'est l'orgueil de vivre, une brèche, un défaut dans mon programme.
Ils sont là, mais je ne les comprends plus.

Je croyais encore aux faux-semblant, habitude vitale, mais une fois de plus ou de trop la pancarte est tombée. La connerie humaine, cette rassurante sensation d'être semblables, de se retrouver, peut-être un peu plus intelligents qu'une bête.
Le désir m'empoisonne. Faire de toutes ces chairs grasses une charcuterie, provoquer l'alerte des neurones depuis longtemps rangés dans des cases, elle-mêmes soigneusement installées dans des dossiers classés. Tout suit son cours, tout est rangé.
L'évolution, on ne connaît plus...Quelle idée ? Nous sommes bien, là. Sur le dos fatigué des ours.
Un rayon de soleil nous éclaire de temps à autre, peut-être ne sommes nous pas très gentils finalement.
Riant d'une image d'envahisseurs verdâtres, sirotant le sang des conjoints, non, tout ceci fait trop mal.

Je n'ai ni la voix pour crier à l'aide, ni la force pour les secouer tous, ni les flingues pour menacer le futur, ni la capacité de pleurer, ni le talent pour créer la tristesse. Des accords amers pourtant, voilà ce qui me vient. Un déluge de notes dans un rythme Presto apocalyptique.

Une cascade de cadavres transpirant l'autosatisfaction et la faiblesse, se brisant la nuque et les membres dans la chute contre des rochers d'entreprises provocant un infini et funèbre écho. Des tapis de fourrures de fauves rares à l'arrivée. Des bêtes rageuses attendant sagement en bas pour nous planter leurs crocs dans le crâne.
Des cyclones de CO2 et d'acide citrique brûlant la chair humaine, bouffant les montagnes comme des planctons. Boursouflures éclatant, explosant les tripes.
Rancune éternelle, d'une planète envahie et brûlée de l'infini frottement des semelles. La chair à vif, des volcans vomissant la pourriture humaine, le sang souillé d'une belle histoire. L'essence perdue, enterrée et piétinée par des furoncles d'horreur et de pouvoir gonflant le torse du surplus de pus.

Trop de honte, trop d'incapacité, trop d'égoïsme et d'incompréhension fatale.



http://alicia.cowblog.fr/images/City.jpg

Lundi 24 août 2009 à 17:48

Je me tiens à mon poste, aux aguets, à l'écoute des quatre murs de solitude qui m'entourent, m'étouffent. J'ai des crampes au ventre, comme toujours. Mes organes le sentent, la vitalité approche. Ils me manque la moitié des tripes, je frissonne.

Mes oreilles ne me trompent jamais sur ce son. Ce bruit de verre qui rebondit sur le sol sans se briser, épousant mon tympan d'une mélodie nostalgique.

Mon coeur mort se met à rugir d'angoisse, d'affection, de cruauté et de vie. Mes poumons peuvent cesser de siroter l'air pollué. Il dévorent l'oxygène, son odeur.

_Enfin, tu es là.

En guise de réponse, une légère brise me frôle la main. Je ferme les yeux. Je pourrais tout aussi bien être aveugle. Je sens tout ce qu'il est, tout ce qu'il me dit. Me voilà recomposée, la plaie béante que j'étais est devenue un être. Nous sommes cette conscience. Un chagrin des plus funèbre me transperce l'âme, chaque veines de mon corps libèrent une plainte inconnue. Une renaissance précoce ou trop tardive. Une vague d'affection me compressant dans la douleur, c'en est trop pour la faible créature mutilée que je suis.

Le sang gris, pétrifié est devenu brûlant et glacé. Je tremble et suis pour ces rares fois détendue. Pourtant il est encore à quelque pas. Je rouvre les yeux. Jamais je ne devrais avoir a subir cette torture de beauté, un équilibre parfait entre ces pauvres et miteuses consciences. Ma rétine est détruite face à tant d'absolue vérité. La peinture des murs se déchiquette, se consume d'une atmosphère aussi intense. L'un pour l'autre nous sommes pure souffrance et délectation. Des réponses à l'univers, à l'infini. Un intellect trop lourd pour lui ou moi seul, un fardeau de sensations meurtrières partagé à nous deux réunis. Une nouvelle notion du temps et de l'espace. J'en ai le vertige, mais jamais la nausée. Il s'élance entre les milliards de particules provocant leur destruction et leur évolution en même temps. Tout comme l'acide et le ciment soudés. Je sens tout cela, nous l'entendons.

Il réapparaît dans mon dos. Je suffoque de haine et d'amour mais l'oxygène n'a jamais été aussi délicat.  Lui aussi hume le parfum, il s'approche de mon cou, me frôlant de ses lèvres. J'agonise de vie, un poison de bien-être. Puis sa main se pose sur mon bras frêle. Mon corps maladif reconnaît l'artifice de sensations nouvelles et délirantes. Une explosion sans fin sous chaque millimètre de ma peau enfin reconstituée. Ses doigts fondent dans mon épaule, me transpercent les pigments de la peau et diffusent une drogue médicamenteuse dans tout mon esprit. Je ne sais plus rien mais nous savons tout. La vie, la mort, nous vivons ça des millions de fois par seconde. Tension et détente s'opposant, s'entrelaçant avec douceur et douleur. C'en est trop, je vais mourir, je suis déjà partie de ce corps inconnu et adulé, enfin restitué. Je le déteste, il est mien.

La haine et l'amour sont superficiels, la première couche d'un iceberg de la taille d'une galaxie. Je veux qu'il parte, mais plus que tout, qu'il reste en moi. Son souffle m'asphyxie, je le dévore avec animosité. Aucune parole n'est envisageable, nous sommes au plus fort de la conscience humaine. Nous avons tous les pouvoirs, si faibles que nous sommes face à l'immensité infinie. Une réunification de deux camps ennemis et frères pour donner à l'humanité la conscience absolue. Plus fort encore, la conscience de ce que nous sommes, ensembles, l'un pour l'autre, l'un contre l'autre. Deux aimants, amants opposés et retrouvés. La gravité s'éteint de tant d'assurance et de faiblesse. Des larmes sur nos visages rayonnant et deux coeurs s'étreignant à s'en étouffer menant un combat sans fin. Mais nous connaissons l'éternel, nous le voyons, le manipulons à notre guise.

Lui comme moi savons qu'il est temps de partir. Nos âmes se décomposent dangereusement, et comme il est venu, une brise effleure une dernière fois mon corps pris de spasmes atroces et d'une joie sans fin. Nous nous regardons un moment, ma rétine se consume et il disparaît, le verre carillonne de bonheur et d'un chagrin mortifère, me laissant seule au bûcher du désespoir.Détruite du souvenir de ces 30dernières secondes.

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast